OREV

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L'OREV désigne l'Objet Référentiel de l'Echange Verbal. Il a été décrit par Sylvie Le Huche à l’occasion du Premier Congrès International sur le Bégaiement à Saulx les Chartreux en Août 1991.

L’OREV est un objet immatériel et symbolique, qui se construit entre les interlocuteurs (qu’il y en ait seulement deux ou un grand nombre) au cours d’un échange verbal concernant tel ou tel sujet qui les intéresse et où ils se trouvent impliqués. Il n’est pas l’objet mental de l’un ou l’autre des participants à l’échange mais un objet tiers qui est le lieu de leur interaction. En perpétuelle évolution, il s’élabore à partir des ajustements de pensée et des projections affectives qui s’expriment à travers la parole de chacun. Il s’installe dans l’espace qui sépare les participants à l’échange, en les rassemblant autour de cet espace où il se construit.

Il est coloré par le climat affectif qui règne entre les participants : sympathique ou hostile, amical ou solennel, intime ou distant... Commun à tous, il est différent pour chacun ; chacun ayant sur lui un point de vue particulier. Il présente un certain caractère de permanence : A partir de cet OREV se construit le souvenir de cet échange.

Enfin et surtout, lorsque de sa place et de son point de vue chacun prend ou reprend la parole, il le fait en référence à cet OREV tout en continuant à le construire. Si ce n’est pas le cas, ce qui est dit paraît hors de propos et risque d’entraîner une réplique telle que : « Je ne vois pas le rapport ! », ce qui peut être fort vexant. Le rapport à quoi, au fait ? Le rapport à l’OREV justement !

[modifier] Intérêt pratique

- Le concept d’Objet Référentiel de l’Echange Verbal permet de considérer cet échange non plus comme un lancer de balles que l’on se renverrait à tour de rôle, mais comme une construction partenariale, « discours à plusieurs » où chacun s’implique conjointement. La question de savoir qui a tort ou qui a raison n’occupe plus dès lors le devant de la scène.

- L’attention portée à la construction de l’OREV crée des instants de silence actifs pendant lesquels l’énergie psychomotrice se redistribue au profit d’une décontraction des organes de la réalisation de la parole. Il en résulte que les difficultés articulatoires s’estompent largement ou même disparaissent complètement.

- La préoccupation du détail d’exécution de la parole au moment de l’usage, dans le but d’éviter les bégayages au moyen de techniques de fluence ne permet guère de participer efficacement à la construction de l’OREV. D’où l’intérêt des jeux de rôle et des exercices spécifiques orientés vers l’interaction langagière où l’on s’entraîne à cette construction, et plus encore celui de l’Expression Scénique (thérapie émotionnelle à partir de textes lus) qui s’intègre si adéquatement dans le traitement du bégaiement.

[modifier] Référence

  • LE HUCHE F. et ALLALI A. La voix. MASSON, 2002.